L’intelligence économique est une évolution très importante par rapport au renseignement classique, avec l’apparition d’internet et des réseaux étendus. Aux USA, dès les années 60, l’intelligence économique devient une branche de l’économie et est définie comme l’activité de production de connaissances, servant les buts économiques et stratégiques d’une organisation, dans un contexte légal et à partir de sources ouvertes. L’information, importante, correspond à du renseignement pour valoriser la stratégie d’entreprise et la sécuriser (Intelligence Stratégique/Sécurité Economique). L'espionnage industriel/espionnage économique sont des pratiques illégales dont l'objectif est la récupération de secrets industriels ou commerciaux. La mondialisation et la disparition des frontières spatiotemporelles ont aiguisé les appétits et l’agressivité des entreprises. La guerre économique correspond à l’utilisation, par des acteurs étatiques/privés, de pratiques déloyales/illégales dans l’économie afin de préserver ou de remporter des parts de marché, en temps de paix, sans conflit diplomatique préalable, entre pays amis ou ennemis.
Menaces pesant sur le développement économique à l’international
Les menaces sont nombreuses, insidieuses et peuvent cibler les salariés, les process de production (secrets industriels), les contrats avec fournisseurs, partenaires et/ou sous-traitants (montage, juridique, monnaie utilisée, ...), les systèmes d’information d’entreprise, les produits commercialisés. Les principales cibles sont l’aéronautique, la santé et le monde de la recherche. Les vulnérabilités sont souvent liées à l’insouciance des dirigeants d’entreprise. Les attaques sont adaptées aux objectifs de l’attaquant et conduites via les modes d’actions habituels des attaquants et seront ciblées sur la composante informationnelle. Les objectifs sont dictés par la composante financière : fragiliser un concurrent pour acquérir sa compétence, asphyxier un pays en imposant des normes internationales déduites de produits commercialisés par l’attaquant, acquérir le monopole de vente sur un produit, « remplir ses caisses » en imposant des sanctions financières. Pour fragiliser une entreprise, l’attaque suivra les axes juridiques/légaux entourant les marchés avec des pays clients (sanctions économiques, embargo) qu’ils soient passés en solo ou avec des partenaires, tous les moyens de paiement (dollar, ...), toutes techniques douanières. Certains Etats déploieront des moyens officiels étatiques pour soutenir leurs entreprises.
"Cartographie" des pays les plus menaçants
Les pays les plus virulents sont : USA et Chine. Les USA ont adopté, à l’égard de la France, une posture offensive et plus agressive, et n’hésitent plus, pour accéder à des informations sensibles, à exploiter des entreprises privées, des cabinets d’avocats US (audits de conformité /lutte contre la corruption) et les solutions bureautiques Microsoft. Les USA sont très « attentifs » à la normalisation et au lobbying auprès des organismes, à l’usage de la langue anglaise, au système juridique, à la puissance des fonds de pension, à l’environnement législatif. Pour agir, sans ambages, les USA renforcent leur extraterritorialité juridique sur les données (Cloud Act) ; les prestataires de services et opérateurs numériques US doivent divulguer les informations personnelles de leurs utilisateurs à la demande des autorités (justice, police et administration). Les USA luttent contre la corruption mondiale grâce au FCPA, au DOJ et le FCPA. La Chine recrute des sources d’informations (LinkedIn). L’intelligence économique est plébiscitée pour son efficacité et est placée au cœur de la stratégie pour obtenir les informations nécessaires pour parachever sa montée en gamme technologique et industrielle, pour faire jeu égal avec les États-Unis, pour ne pas plier dans la guerre commerciale et technologique qui l’oppose au géant américain. Les sanctions économiques prises visant la Russie ont obligé les Russes à renforcer leur logique d’intelligence économique pour conquérir de nouveaux marchés (BRICS) ; les sociétés prestataires d’IE et les divisions IE des entreprises sont d’autant plus nécessaires que l’économie russe est considérée comme très peu transparente, d’où l’obligation des acteurs étrangers à une extrême prudence dans leurs démarches d’investissement en Russie.
Pour une entreprise française, que faire ?
Le pro atlantisme de l’UE conduit à l’alignement sur les USA par peur pour le business et des sanctions. Le gouvernement français progresse et les démarches de l’UE demeurent tièdes. Il faut veiller à la rédaction du marché, au choix des partenaires étrangers/français, au montage juridique (éthique et légalité). La DGSI et les ASI demeurent d’excellents conseillers.
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