Un directeur de sécurité doit connaitre, en temps réel, les menaces géopolitiques pouvant impacter le business. Des conflits armés déstabilisent les approches économiques et les certitudes politiques dans 3 grandes régions du monde et ainsi complexifient les stratégies des entreprises. Que peuvent faire les entreprises pour s’adapter à ces incertitudes. Le risque est défini comme la probabilité que, dans une situation donnée et impliquant certains éléments, un dommage se produise ; alors qu’une menace correspond à un ensemble de conditions dans lesquelles un risque se manifeste ; leurs connaissances et leurs évolutions sont importantes à analyser.
Conflits armés majeurs : Ukraine et bande de Gaza
Quand une guerre dure, l’enlisement constitue une menace de déstabilisation économique. Il y a des risques de pertes de marché suite aux sanctions économiques, aux embargos et les stratégies des entreprises sont déstabilisées. Contourner des interdictions est très délicat car des sanctions financières pourraient être infligées à ces entreprises « courageuses » ou « inconscientes ». Les lois étatsuniennes pour certaines extraterritoriales, les décisions onusiennes et européennes pourraient s’appliquer en cas de faute. Aux risques financiers, s’ajoutent des risques d’approvisionnement, de cyberattaques, d’enlèvements de salariés, de non-paiement ou en monnaie non convertible. Dans ces situations de conflits, une entreprise doit analyser ses risques pour savoir le ratio enjeux/performances et s’engager ou non, de près ou de loin. La stratégie des entreprises dépend des créneaux : bâtiments (reconstruction), armements (matériel de guerre), santé (aide aux populations), services (eau, tph, électricité, ...). De plus, la guerre économique s’invite dans ces guerres armées avec une utilisation, par des acteurs étatiques / privés, de pratiques déloyales / illégales.
Zone régionake instabke : la Chine, la mer de Chine méridionale et Taïwan.
La Chine n’a jamais fait la guerre à l’extérieur et lutte sur le terrain économique pour contrer l’hégémonie des USA ; elle souhaite rattraper l'Occident dans l'aviation, le spatial, le nucléaire, le cybercommerce, la santé et la recherche ; elle est en passe de devenir une grande puissance automobile (électrique puis hydrogène). Les routes de la soie visant à relier la Chine à l’Europe, en intégrant les espaces d’Asie centrale, s’essoufflent depuis la guerre en Ukraine. Les objectifs initiaux d’accroître les exportations, diversifier et sécuriser les approvisionnements énergétiques ont trouvé d’autres solutions. L’invasion russe et les sanctions occidentales ont conduit la Chine à rediriger ses trains plus directement vers Moscou. L’heure est à la souplesse et au rééquilibrage. La plupart des importations de produits critiques proviennent de Chine, qui détient un quasi-monopole en matière d’extraction et de traitement des matières premières critiques. L’UE a abordé la règlementation sur ces composants critiques. Afin de se prémunir contre d’éventuelles pénuries d’approvisionnement et de renforcer sa résilience, l’UE devra diversifier sa chaîne de valeur. Les fortes tensions entre les États-Unis et la Chine concernant Taïwan, que Pékin entend reprendre, crées un climat délétère avec l’occident. De leur côté, les États-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement chinois légitime, tout en étant également le principal soutien militaire des autorités de Taïwan. Des accords militaires ont été conclus par les pays riverains de la mer de Chine méridionale avec les USA et l'Australie car la Chine estime avoir des « droits historiques » sur cette mer, qui est en train de devenir une zone défensive clé. Pékin cherche à faire de cette vaste zone maritime une voie navigable contrôlée, afin de renforcer son influence et sa capacité de projection. La Chine a un excellent système d’espionnage économique et industriel. Actuellement, les enjeux portent principalement sur les semi-conducteurs dominés par Taïwan.
Les incertitudes politiques : Europe, Afrique et USA
L’ancien monde se meurt, les valeurs occidentales ne sont plus dominantes et nous devons apprendre à vivre différemment en identifiant de nouvelles opportunités. L’UE doit faire évoluer sa posture car elle regroupe des États ayant des objectifs très différents ; elle pourrait évoluer, de manière imprévisible, sous la pression des USA préférant une UE faible et voulant aussi un affaiblissement d’une Allemagne dominante. L’occident, dont la France, est rejeté de l’Afrique et risque de perdre des marchés importants, sa réputation, sa crédibilité et surtout des zones d’influence. La montée en puissance des BRICS pourrait déstabiliser le monde occidental qui s’effrite sur la scène mondiale.
Les entreprises ont l’obligation de bien s’informer en composant avec les groupes de pression et doivent savoir et vouloir changer en ce monde en pleine mutation économique, financière et avec des populations nouvelles.
Komentáre